Rue Gallieni

Joseph Gallieni (1849-1916), le « sauveur » de Paris

Portrait du général GallieniFils d’immigrés italiens, Joseph Gallieni, incarne le prototype de l’officier républicain de la fin du 19e siècle. Son avancement doit en effet beaucoup à ses convictions politiques (il fait partie, comme Joffre, des généraux sur lesquels le régime de la IIIe République peut compter) et à la politique d’expansion coloniale que les dirigeants républicains mettent en œuvre à partir du milieu des années 1880.

Fait prisonnier durant la guerre de 1870 par les Allemands, il dirige plusieurs campagnes militaires au Niger, au Soudan (province dont il est le gouverneur en 1886), au Tonkin (1893) et surtout à Madagascar (1896), où il est nommé général, avec les pleins pouvoirs civils et militaires, pour restaurer l’ordre dans cette colonie. Ses méthodes brutales, qui reflètent ses convictions racistes quant à l’inégalité des races et la nécessité pour les indigènes de se soumettre à la puissance bienfaisante de « l’homme blanc », brisent la résistance malgache, et lui valent d’être hautement considéré à Paris.

De retour en métropole en 1905, il intègre le Conseil supérieur de la Guerre en 1908, et participe ainsi à l’élaboration des plans de l’Etat-major français qui seront mis en œuvre en 1914. Il décline en 1911, prétextant de son âge, le poste de commandant en chef de l’armée française, qui est proposé à Joseph Joffre. Désigné comme adjoint de ce dernier le 31 juillet 1914, il est nommé gouverneur militaire de Paris par décret présidentiel le 26 août 1914, alors que l’avance des armées allemandes suite au plan Schlieffen a contraint le gouvernement à se replier sur Bordeaux.
Il organise avec énergie et méthode la défense de la capitale, et signe le 3 septembre 1914 un ordre du jour resté fameux :

« J’ai reçu le mandat de défendre Paris contre l’envahisseur ; ce mandat, je le remplirai jusqu’au bout ».

Une reconnaissance aérienne lui apprend alors que l’aile droite ennemie (1ère armée de Von Kluck) se détourne de Paris pour se rabattre sur Meaux, découvrant ainsi le flanc du dispositif allemand. Il presse donc Joffre d’attaquer, et met les troupes à sa disposition au service d’une nouvelle armée (6e armée commandée par le général Maunoury), en mesure de déclencher l’offensive française sur l’armée Von Kluck. En organisant le transfert des troupes cantonnées dans la capitale vers le front, Gallieni fait preuve de talents remarquables de planificateur ; il réquisitionne les taxis parisiens, parmi une série de mesures. Même si l’impact militaire de cette décision est minime (les taxis n’ont guère pu véhiculer que 6 000 hommes au grand maximum), elle rentre dans la légende et participe de la gloire de Gallieni. Celui-ci entretient à la suite de la victoire de la Marne une certaine ambiguïté quant à son rôle, laissant souvent entendre qu’il avait forcé la décision du général Joffre, trop timoré. Celui-ci, non sans humour, fera savoir qu’il ne savait pas qui avait gagné la bataille de la Marne, mais savait pertinemment bien qui l’aurait perdue en cas de défaite française : lui, puisque responsable du fait de son commandement de l’ensemble des échecs militaires. Joffre ne mésestimait pas Gallieni, qu’il considérait comme le « le type même du soldat complet ».

Nommé ministre de la Guerre à compter de 1915, Gallieni s’éteint en mai 1916. Il bénéficie de funérailles nationales, à l’occasion desquelles George Clémenceau, futur « Père la victoire », écrira à son propos : « Le général Gallieni est l’homme dont la prompte décision nous a donné la bataille de la Marne. Il est le véritable sauveur de Paris. Les funérailles nationales ne sont qu’un commencement de justice. Avec ses conséquences, le reste suivra. L’heure viendra des jugements et la mémoire de Gallieni peut attendre avec tranquillité l’avenir ». Le différend que Gallieni entretenait ainsi de son vivant avec Joffre était récupéré dès son décès par le politicien Clémenceau, grand critique de l’Etat-major (et de Joffre) et des gouvernements en place depuis le déclenchement de la guerre, qu’il jugeait trop mous.

A titre posthume, le 7 mai 1921, Joseph Gallieni fut élevé à la dignité de Maréchal de France.

L’historique de la rue Gallieni

© Médiathèque Louise Labé / Saint-Chamond

© Médiathèque Louise Labé / Saint-Chamond

Située à Izieux, la rue Gallieni a été ainsi dénommée le 20 août 1920 après proposition du maire, suite au rapport de la commission de la voirie de la commune. Elle désigne après cette date la rue « allant du passage à niveau à la Rivoire en passant devant chez M. Belorgey » – ce qui atteste d’une voirie nouvelle, née des développements d’Izieux pendant la croissance qu’a connu la commune pendant la guerre.
Lors du même conseil, la rue allant de la Rue de la République (Maison Pacaud) au boulevard Clémenceau (et qui recoupe pour partie l’actuelle rue René Lelimousin) est dénommée « rue de la Marne », ce qui atteste d’une mémoire liant Gallieni à cette victoire. Cette rue n’existe plus aujourd’hui, sans que l’on sache si le changement de dénomination date de l’après-seconde guerre (volonté de célébrer la mémoire des résistants locaux) ou de la fusion d’Izieux dans le « Grand Saint-Chamond » en 1964. La rue de la Marne qui existe encore aujourd’hui est située entre la rue Massenet et la rue Louis-Xavier Pascal.

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